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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

chambre des nonces, un programme rédigé par lui, et tout différent de celui du gouvernement provisoire. Il proposait d’ouvrir la diète sur-le-champ, et de commencer par la nomination du dictateur, au lieu de finir par là, comme portait le programme du gouvernement.

Vingt orateurs prouvèrent dans de longs discours la nécessité de la dictature. Théophile Morawski, nonce de Kalisz, osa seul présenter un autre projet, soutenant que le pouvoir du chef de l’État ne devait point surpasser celui que la charte accordait au roi. Ce projet cependant ne fut appuyé que par Wisniewski, car le maréchal empêcha toute discussion.

« À qui appartient, dit alors Wisniewski, l’initiative de la loi ? au gouvernement ou à la diète ? Si c’est à la diète, le projet de l’excellence de Kalisz[1] doit être soumis à la discussion ; et si le gouvernement nous présente un autre projet en faveur de la dictature, pourquoi les ministres ne nous montrent-ils pas sa nécessité ? » Mais le maréchal oublia et ses devoirs et le caractère sévère de la représentation nationale, jusqu’à traiter en puissance un simple particulier, demandant l’adoption ou le rejet pur et simple du projet ; « car, dit-il, telle est la volonté de Chlopicki. » Swidzinski et Biernacki voulaient qu’on votât au moins séparément chaque article ; ils ne furent pas écoutés. La position de Lelewel était difficile : il voulait parler comme ministre, mais il n’avait que le droit de répondre ; et per-

  1. En Pologne, d’après l’usage antique, chaque nonce et chaque député porte le titre d’excellence, et dans la discussion, au lieu de désigner un membre de la chambre par son nom, on dit Excellence de Kalisz, de Varsovie, etc. Il arrive donc souvent qu’un épicier ou un marchand de vins est, en sa qualité de député, une excellence. Le même titre appartient aux maréchaux des diétines (présidens des colléges électoraux), aux membres des conseils palatinaux, aux juges de paix, à tous ceux enfin dont les charges émanent de l’autorité nationale, et sont électives.