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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

arrivait que quelque membre de la seconde fût arrêté, il résultait toujours de l’enquête qu’il n’existait d’autre rapport entre lui et les jeunes conspirateurs, qu’une communauté de sentimens patriotiques et la haine des Russes.

Tous les soins de la police ne réussirent jamais à découvrir la conspiration[1], car les nombreux rameaux de la première et de la seconde société étant comme séparés du tronc, la conduite de membres isolés ne pouvait compromettre le tout.

Les révolutions française et belge furent comme un éclair d’espérance : les circonstances semblaient favorables à l’affranchissement de la Pologne. Le principe de non-intervention, proclamé par la diplomatie européenne, semblait la garantir de l’invasion de la Prusse et de l’Autriche ; mais ce qui décida surtout l’insurrection du 29 novembre, ce fut la connaissance positive des projets de la Russie contre la France, et le bruit généralement répandu qu’on avait déjà commencé à transporter en Russie l’argent de la banque de Varsovie, et que l’armée polonaise devait au printemps marcher sur le Rhin avec l’armée russe. La découverte d’une correspondance officielle du ministère des finances de Pologne avec le ministère russe a prouvé que

  1. Elle n’épargnait rien cependant pour arracher des aveux aux prisonniers. Parmi les victimes des premières persécutions, il faut citer le major Lukasinski. La torture épuisa ses tourmens sans épuiser la constance du prisonnier, sans lui faire rompre le silence. On essaya un nouveau genre de torture : l’infortuné, lié sur une machine qui tournait avec une effrayante rapidité, tombait dans un état d’étourdissement et d’exaltation. Réunis autour de lui, épiant une plainte, un soupir, les bourreaux cherchaient alors à surprendre son secret, à travers l’égarement d’une aliénation passagère. Cette dernière épreuve n’apprit rien. Lukasinski resta plongé dans les cachots, et après une captivité de douze ans, il en fut arraché par Constantin, pour le suivre dans sa honteuse fuite, au moment où la voix de ses libérateurs frappait déjà ses oreilles. On cloua ses chaînes à un canon, et c’est dans cet état que le malheureux Polonais fut traîné en Russie à la suite du Czarévitch.