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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

jagellonne, qu’on a trois fois démembrée ; on verra que ce petit pays est plus fort que ne l’était l’ancienne Pologne avec toute son étendue. Napoléon lui donna le Code civil français, et une organisation civile et militaire française. Sous la verge de fer du farouche Constantin, un ordre admirable fut introduit partout. L’armée reçut une organisation parfaite, les forteresses furent rebâties ; de belles routes traversent le pays dans toutes les directions. On a des écoles militaires et une administration civile excellente. Autrefois, pour la défense d’un pays plus vaste que la France, on n’avait pas trente mille hommes de troupes régulières. Depuis 1815, trente-deux mille hommes étaient sous les armes, et en quelques mois de révolution, on a porté l’effectif de l’armée jusqu’au-delà de cent mille hommes bien organisés et bien disciplinés. En 1788, le revenu de la république n’était que de quatre-vingts millions de florins, et aujourd’hui un pays qui n’en est que la cinquième ou sixième partie, jouit d’un revenu annuel de plus de cent millions de florins. Le crédit public était nul autrefois, aujourd’hui la banque est riche de plus de six cents millions de florins. Varsovie, Modlin, Zamosc, trois forteresses respectables, défendent le centre et les frontières. Le noyau de la Pologne existe donc ; il ne faut maintenant qu’y incorporer de plus vastes provinces, enrégimenter des hommes, et la Pologne sera bientôt indépendante.

Tous les bons esprits connaissaient bien les ressources de la Pologne telle qu’elle a été construite par le traité de Vienne, et souriaient en voyant l’erreur des ennemis les plus acharnés du nom polonais. En vain, M. de Metternich disait-il à l’empereur Alexandre qu’il armait les Polonais contre lui-même, le despote du Nord n’avait aucune idée de la force morale des peuples, et ne croyait qu’au nombre de ses baïonnettes. Une insurrection semblable à celle de la mémorable journée du 29 novembre 1830, pouvait toujours éclater, car on ne doutait ni de l’esprit de l’armée polonaise, ni de celui des habitans du pays. Chasser Constantin