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ÎLE DE ROTUMA.

les arbres qu’ils affectionnent. La plante du tabac qui a été récemment introduite dans l’île, y vient très-bien, mais les habitans ne savent pas encore la préparer.

Le débarquement se fait sans peine sur une grève sablonneuse. Non loin de la mer, on peut se procurer du bois à brûler ; l’eau est d’une excellente qualité, mais comme il se trouve peu de ruisseaux dans cette île, les habitans ont creusé des puits pour ne pas se voir exposés à en manquer.

Les indigènes sont d’une figure agréable et d’une taille avantageuse ; ils ressemblent beaucoup aux habitans de Tongatabou ; ils sont doux, mais très-adonnés au vol : c’est un penchant général chez eux. Leur teint est légèrement cuivré. Les hommes portent les cheveux longs, et en teignent les extrémités d’une couleur rouge et brune ; quelquefois il leur arrive de retenir par un nœud leurs cheveux sur le derrière de la tête ; mais la coutume dominante est de les laisser pendre sur les épaules. On peut dire que les femmes sont belles et bien faites ; et, bien qu’elles aient un air de modestie très-marqué, elles n’en vinrent pas moins en foule à bord de notre vaisseau, à notre arrivée. Leur babil intarissable nous fut une preuve suffisante que, même dans cette partie éloignée du globe, l’organe lingual de la femme est singulièrement développé.

Le roi, auprès duquel nous nous rendîmes, habitait le village de Fangwot. C’était un homme bien pris dans sa taille, d’une belle figure, et qui ne paraissait pas avoir plus de trente ans. La partie supérieure de son corps avait été enduite d’épaisses couches de rang, espèce de peinture qui s’obtient en mélangeant ensemble du curcuma et de l’huile. C’était là une preuve non équivoque de la haute considération qu’il avait pour