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VOYAGES.

vaisseaux ; mais sa situation, exposée à tous les vents, ne permet pas d’y jeter l’ancre en sûreté. C’est, du reste, la partie de l’île où l’on peut se procurer le plus facilement des provisions. À cinq ou six milles de distance de la principale terre au sud-ouest, sont situées plusieurs petites îles qui sont visitées de temps en temps par les indigènes, qui y vont faire des provisions de coquillages et de poissons. Ces petites îles se nomment Ofliwa, Athana, Hothahois, et un rocher à fleur d’eau, contre lequel se brise la mer, est appelé Hoth-Fakteringa. La première de ces îles est d’une forme très-remarquable : elle ressemble à un rocher divisé en deux portions qui seraient cependant jointes ensemble par une partie commune à toutes les deux, formant un pont naturel.

Lorsque je pris terre, l’île ne se présenta pas à mes regards sous un aspect moins flatteur que lorsque j’en étais à quelque distance ; la végétation me parut des plus vigoureuses, et les arbres et les arbrisseaux, parés d’une verdure dont les teintes différaient peu entre elles, charmaient les yeux par des contrastes peu tranchés. C’était aussi une douce vue que ces petites maisons si propres des indigènes, entremêlées de cocotiers aux panaches flottans, de plantains aux longs rameaux, et de plusieurs arbres superbes qui ne viennent que sous les tropiques. Parmi eux, je remarquai le callophyllum inophyllum, ou fifau, comme l’appellent les indigènes. Cet arbre magnifique, à feuillage vert et sombre, porte d’énormes bouquets de fleurs d’une blancheur éclatante, qui répandent les plus doux parfums. Les Rotumans ont une prédilection marquée pour cet arbre. Quand le charpentier d’un vaisseau en abattait un, ils en plantaient aussitôt un jeune de la même espèce à l’endroit où l’ancien avait déployé son écla-