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VOYAGES.

lière. La nuit, ils pèchent à la lueur des torches, allumant sur la grève des feux qui attirent le poisson vers les récifs. Ils se servent pour leur pêche de filets à main. Dans les idées naïves de ces insulaires, les poissons ne seraient pas attirés par le feu ; mais eux venir au récif la nuit pour manger, ensuite dormir, et s’en aller le lendemain. Ces nombreuses lumières, scintillant de tous côtés au milieu d’une nuit sombre, produisent un effet magique : on dirait une illumination des salles du Pandemonium. On trouve sur ces récifs une variété infinie de poissons, qui sont d’ordinaire fort petits. Nous en remarquâmes beaucoup qui étaient bigarrés de couleurs très-vives, et d’une forme extraordinaire. Nous nous dirigeâmes vers cette île le 21 février 1830 ; nous nous trouvions ouest par sud-demi-sud, à environ vingt-cinq milles de distance de l’île. À onze heures du matin, comme nous nous tenions à l’ancre, nous fûmes abordés par plusieurs indigènes qui vinrent nous visiter dans leurs canots. Ils nous surprirent en nous adressant la parole en anglais. Il paraît que la connaissance de notre idiome leur est en partie venue des relations qu’ils entretiennent avec les bâtimens qui visitent leurs parages ; mais c’est surtout aux matelots européens qui se sont fixés dans leur île pour y vivre d’une vie de luxe et d’indolence sauvages qu’ils sont redevables sous ce rapport. Un des naturels qui nous servait de pilote nous fit tourner autour de petites îles nommées Owa, et jeta l’ancre dans la baie d’Onhaf, située au nord-est de l’île, dans un fond de sable et de corail ayant quinze brasses de profondeur, à deux milles environ du rivage. Quand nous jetâmes l’ancre, nous nous trouvâmes auprès d’une île assez élevée, taillée en forme de coin de mire, habitée, et située à peu