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MORT DU CALIGULA.

L’affranchi à l’esclave. J’entends dire que c’est la tête du sénateur Asprénas. Cela va bien. Les Germains ont fait de bonne besogne.

L’enfant. J’aperçois sur le théâtre un citoyen en habits de deuil. Il s’avance sur le bord de la scène avec un air bien affligé. Il veut parler.

Voix confuses. Qui est celui-là ? — Dehors l’oiseau de sinistre plumage. — Point de tristes nouvelles. — Va chez Pluton, Mercure infernal. — Écoutez, attention, silence, Quirites. — C’est le riche Arruntius, le crieur public des ventes à l’encan. — C’est le Stentor de Rome, nous allons bien l’entendre. — Silence donc. Écoutez l’orateur.

L’affranchi. Il contrefait l’affligé, mais si on lisait dans son âme ?

L’esclave. Il parle, mais le bruit couvre sa voix.

Premier prolétaire. Qu’a-t-il dit ? Avez-vous entendu quelque chose ?

Troisième prolétaire. Ils disent qu’il a annoncé la mort de Caïus César, comme un fait certain, en priant la légion celtique de ne point ajouter à ce malheur en frappant un peuple innocent.

La mère. C’est un honnête homme.

L’enfant. Voilà les centurions Germains qui lèvent le cep de vigne, et font le commandement. Les soldats remettent le glaive dans le fourreau.

La mère. J’espère qu’ils vont nous laisser regagner nos pénates.

Clivius. Tiens, Bativius, il se fait par-là une issue, profitons-en. C’est le médecin Arkion qu’on est venu chercher pour panser les blessés ; je le connais, il nous fera passer avec lui.

Bativius. L’idée est excellente.

L’affranchi. Voilà comme les puissans se tirent toujours d’affaire les premiers.

Ils sortent, et quelques autres personnes avec eux. Bientôt