Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/229

Cette page a été validée par deux contributeurs.
213
NOUVELLE-ZÉLANDE.

sans cérémonie. Ceux des esclaves ne peuvent jouir de ce privilége ; ordinairement ils sont jetés à l’eau, ou abandonnés en plein air. Quand les esclaves ont été tués pour crimes vrais ou prétendus, leurs corps sont quelquefois dévorés par les hommes de la tribu.

Une des coutumes les plus extraordinaires de la Nouvelle-Zélande, c’est qu’à la mort d’un chef, ses voisins se réunissent pour venir piller ses propriétés, et chacun s’empare de ce qui lui tombe sous la main. Quand c’est le premier chef d’une tribu qui vient de mourir, la tribu tout entière s’attend à être saccagée par les tribus voisines. Aussi c’est pour elle un moment d’alarme et de désolation universelle ; à moins qu’elle ne soit puissante, et qu’elle ne compte un grand nombre de guerriers disposés à la défendre, la mort d’un chef entraîne souvent la ruine de sa peuplade. Peut-être les ennemis ou les voisins d’une tribu choisissent-ils de préférence cette occasion pour l’opprimer, parce qu’en ce moment, outre la perte de son chef, qui doit naturellement affecter son moral, un devoir religieux et sacré commande à ses enfans et à tous ses parens de se livrer à un deuil absolu, et les empêche par conséquent de veiller à leur propre défense.


Dumont d’Urville.