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NOUVELLE-ZÉLANDE.

qu’avec beaucoup de répugnance sous des filets chargés de pommes de terre. Les premiers Européens qui les visitèrent mirent à profit cette superstition pour se débarrasser de l’importunité de leurs hôtes : pour cela, ils n’eurent qu’à suspendre au plafond de leurs cabanes un morceau de viande. De ce moment les naturels n’eurent garde d’en approcher. Ce préjugé est tellement enraciné chez eux, que certains chefs faisaient quelquefois difficulté de descendre dans les chambres des navires, parce qu’ils redoutaient qu’on ne vînt en ce moment à passer par-dessus leur tête en se promenant sur le pont.

Jamais il ne leur arrive de prendre leurs repas dans l’intérieur de leurs maisons, et ils ne peuvent souffrir que les Européens prennent cette liberté chez eux. Si ceux-ci ont besoin de se rafraîchir, ils sont obligés de sortir de la cabane pour avaler un verre d’eau ou de tout autre liquide.

C’est un crime que d’allumer du feu dans un endroit où des provisions se trouvent déposées.

Un chef ne peut pas se chauffer au même feu qu’un homme d’un rang inférieur ; il ne peut pas même allumer son feu à celui d’un autre, tout cela sous peine d’encourir le courroux de l’Atoua.

Les malades atteints d’une maladie jugée mortelle, les femmes près d’accoucher, sont mis sous l’empire du tapou. Dès-lors ces personnes sont reléguées sous de simples hangars en plein air, et isolées de toute communication avec leurs parens et leurs amis. Certains alimens leur sont rigoureusement interdits ; quelquefois ils sont condamnés pour plusieurs jours de suite à une diète absolue, persuadés que la moindre infraction à ces règles causerait à l’instant même leur mort. Riches, les malades sont assistés par un certain nombre d’es-