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DU CHOLÉRA-MORBUS.

par le gouvernement britannique, on n’a tiré de la saignée aucun avantage manifeste dans l’irruption du Choléra en Russie pendant 1830 ; mais on a attribué une grande puissance salutaire aux moyens sudorifiques : on a surtout eu recours, dans les provinces de la Russie, à d’immenses cataplasmes de graine de foin apposés brûlans sur la poitrine et l’abdomen, ou bien à des couvertures de laine imbibées d’eau bouillante. On prétendait seconder l’action de ces moyens en faisant boire de l’eau-de-vie aux malades. Ces remèdes, qui viennent d’être recommandés en Pologne par une instruction du comité de santé publique de Varsovie, n’avaient jamais été employés en Asie : ils semblent une application nouvelle de la théorie populaire des pays du Nord, où, le froid causant la plupart des maladies, on imagine que la chaleur doit les guérir, et que des bains de vapeur sont une panacée universelle. Au reste, l’expérience ne semble pas une épreuve favorable pour ces remèdes, puisque dans les pays qui les ont employés, il est mort trois individus sur cinq malades, tandis que dans ceux où ils sont demeurés inconnus, la perte n’a pas excédé la moitié des personnes atteintes du cholera.

7o Les moyens prophylactiques employés, depuis quinze ans, pour se préserver du choléra, sont purement empyriques, puisqu’on ignore complètement quelles sont ses causes originelles. On a indiqué successivement, dans les différentes contrées de l’Asie, les bains, les parfums, les arômes les plus forts, les feux allumés dans les lieux publics, la propreté, la sobriété, la privation de certaines nourritures, des amulettes, des prières, des talismans, enfin tout ce qu’on retrouve en usage, dans ces calamités, qui excitent la peur et provoquent la crédulité. Mais, en revanche, aucune surveillance n’a été exercée sur les lieux infectés, sur les navires suspectés de l’être, sur les marchandises, les pélerins, les corps d’armée venant des pays ravagés par la maladie. Dans tout l’Orient, les vêtemens des morts ont été portés par ceux qui en héritaient ; leurs maisons restées dé-