Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/181

Cette page a été validée par deux contributeurs.
165
DU CHOLÉRA-MORBUS.

usage qu’au début de la maladie, quand l’irritation n’est pas fixée d’une manière prédominante.

Il faut dire néanmoins que ce traitement du docteur Martinengo, tout rationnel qu’il peut être, n’a point prévalu, tandis que celui qu’il tendait à réformer s’est accrédité, principalement pendant l’irruption du choléra, en 1830, dans les provinces de l’empire russe. Toutefois il a éprouvé, presque dans chaque endroit, des modifications plus ou moins grandes et tout-à-fait arbitraires.

En surgissant dans les contrées de l’Europe, le choléra n’a pas seulement retrouvé la plupart des moyens médicaux employés contre ses attaques dans l’Indoustan, mais encore les remèdes empiriques et les pratiques superstitieuses mises en usage dans les régions de l’Orient. En Russie, le peuple a eu fréquemment recours à une sorte de cataplasme brûlant, fait de graine de foin bouillie ; et l’on a prétendu, comme de coutume, qu’on en avait obtenu de très-heureux effets.

En résumé :

1o Il est manifeste, par ces détails, que le traitement opposé au choléra, pendant un cours désastreux de quinze années, a varié singulièrement selon les lieux, les temps, les préjugés des peuples et des castes, et les idées suggérées à chaque praticien par les succès ou les revers de sa clinique, ou plus souvent adoptées à priori, d’après des systèmes erronés.

2o Il est reconnu partout que souvent la violence du mal est si grande dès l’invasion, qu’aucun secours médical ne peut être efficace. Cependant, en comparant, au Bengale, la mortalité des personnes traitées par des médecins, et celle des individus privés de l’assistance de l’art, on a cru reconnaître que si les remèdes sont administrés à temps et avec sagacité, la mort peut être fréquemment prévenue et empêchée ; mais on conçoit combien la réunion de ces deux conditions doit être rare dans un désastre qui enveloppe toute la population et désorganise soudainement toutes les ressources d’un pays. Il est même prouvé que cette compa-