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DU CHOLÉRA-MORBUS.

impraticable dès l’invasion. Dans ce cas, les meilleurs moyens curatifs employés au Bengale, sont les délayans, les anodins les plus puissans, et les stimulans combinés avec le calomélas, et suivi de l’usage des laxatifs et des toniques.

Le même médicament, considéré aux États-Unis comme le spécifique unique contre la fièvre jaune, le calomélas, a été prodigué, dans l’Inde, contre le Choléra. Quoiqu’on ne puisse affirmer, disent les membres du bureau médical de Calcutta, qu’il ait aucune vertu spécifique propre à arrêter l’action de la maladie, il est indubitable qu’il est fréquemment utile pour diminuer l’irritabilité, et qu’il a même le pouvoir de produire une certaine opération sédative qu’on ne peut obtenir par l’usage des autres substances médicamenteuses.

Cependant, si l’on en croyait quelques rapports, on pourrait produire cet effet par un moyen extrêmement simple dont on s’est servi à bord des navires des États-Unis. Il suffirait de réduire en charbon un bouchon de liège, de le broyer avec un peu de lait ou d’eau, ou quelque autre liquide, qui permette d’en avaler la substance sans difficulté. À la seconde ou à la troisième dose, ou même à l’instant, le mal cesse ; et l’on assure que cette préparation carbonique, dont l’usage est si facile, a sauvé des individus qui déjà étaient à l’agonie.

En Perse, pendant les irruptions de 1821 et 1822, on suivit une tout autre espèce de traitement. Le peuple, dit Fraser, croyait que la maladie était d’une nature chaude, et que, par conséquent, les remèdes devaient être rafraîchissans. D’après cette doctrine, on arrosait les malades avec de l’eau froide, et on leur faisait boire du verjus à la glace. Sur deux domestiques de l’ambassade anglaise attaqués, à Bushire, du choléra, l’un fut traité d’après cette pratique et fut sauvé, tandis que l’autre, qui fut traité d’après la méthode européenne, succomba.

Cependant le médecin anglais John Cormick, qui exerçait en Perse pendant cette irruption, s’éloigna considérablement dans sa pratique, de celle des empyriques persans ;