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SCIENCES.

goutte, mais par cuillerée ; on estime qu’il en avala quatre cents gouttes dans la nuit. À quatre heures, les douleurs avaient cessé ; mais la chaleur naturelle ne revint pas avant sept. Le retard n’eut pas lieu ; le malade ne perdit ni la faculté de parler, ni celle de se mouvoir, et il échappa à la mort.

Les médecins de l’Île de France adoptèrent, au lieu de l’opium, le sel de Glaubert (sulfate de soude) ; ils en administraient d’abord une drachme, et accroissaient la dose d’heure en heure, jusqu’à ce que les déjections devinssent jaunes. On cite une négresse qui prit quatre-vingt-quatre drachmes de ce sel, auquel le salut de plusieurs centaines de nègres est attribué.

À l’île de Bourbon, en 1819, on faisait usage d’huile d’olive mêlée au camphre et à l’éther, et prise intérieurement à grande dose. On prétend en avoir obtenu d’étonnans succès ; on assure même qu’un M. Goldemar l’ayant employée, pour tâcher d’arracher à la mort trente-six nègres de son habitation, qui étaient atteints du choléra, il parvint à en sauver trente-quatre. Il est digne de remarque qu’à la même époque, on employait également l’huile, avec un pareil succès, dans les îles orientales d’Afrique, contre le choléra-morbus ; à la Havane contre la fièvre jaune, et à Tanger, en Barbarie, contre la peste du Levant.

La saignée fut, dans l’Inde, le sujet de vives controverses. On convint assez généralement qu’elle peut être pratiquée sur les Européens et sur les Asiatiques les plus robustes, quand l’invasion n’a eu lieu qu’une heure avant, ou trois tout au plus. On dit que lorsqu’on y recourt, dans d’heureuses circonstances, elle réussit mieux que les autres remèdes à arrêter le mal, supprimer les spasmes et éloigner l’irritabilité de l’estomac et des entrailles, ainsi qu’à faire cesser l’atonie de tous les autres systèmes d’organes. Mais, dans le plus grand nombre des Indiens, l’action dynamique de la maladie est si puissante et si rapide, qu’elle détruit presque entièrement l’action artérielle, et rend la saignée