Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/170

Cette page a été validée par deux contributeurs.
154
SCIENCES.

d’un fluide séreux dont la quantité est extraordinaire, et qu’on assure déposer abondamment une terre alumineuse. Les détails qu’on donne sur les limites de l’action du Vishuchi, rendent encore plus problématique son identité avec le Choléra, tel qu’il se montre aujourd’hui depuis l’Océan oriental jusque vers la Baltique. On prétend que la maladie décrite dans les livres indiens, et qui paraît être le Mordexim des Arabes, n’était pas rare autrefois dans la Péninsule indienne, quoiqu’elle n’y prît que peu souvent un caractère épidémique.

On assure cependant que, dans le territoire de Madras, elle était annuelle, et reparaissait périodiquement, pendant la saison humide, parmi les dernières classes du peuple. Ses effets sont exprimés par les mots de ce proverbe usité à la côte Coromandel : Vomir et mourir. Mais on ajoute qu’elle épargnait les hommes vigoureux, bien nourris, bien vêtus, abrités contre les changemens de l’atmosphère ; et il faut reconnaître que ces circonstances ne sont nullement des garanties contre le Choléra pestilentiel, qui frappe sans distinction toutes les classes de la population, et qui a fait périr des princes indiens et persans, des magistrats, des gouverneurs et la fleur des armées anglaises, qu’entourent perpétuellement tant de soins conservateurs.

En s’étendant ainsi sans exception à tous les rangs, ce fléau diffère essentiellement du Vishuchi, tel qu’on l’a décrit dans les temps les plus reculés. En effet, tous les livres sanscrits et tamils qui parlent de cette dernière maladie affirment, en lui donnant pour origine la puissance malfaisante d’un démon femelle nommé Rac-Shasi, que, par une injonction de Bramah, les seuls hommes bas, vicieux et dissolus y sont exposés, et qu’elle n’atteint point ceux dont la vie est régulière et conforme aux préceptes de la religion braminique.

Une opinion analogue se retrouve au Japon, où la même maladie est attribuée par les médecins à l’usage immodéré du Sakki, ou eau-de-vie de riz, qui, disent-ils, remplit graduellement les intestins d’humeurs corrosives. Les détails