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LITTÉRATURE.

se chargea de la surveillance, Couthou d’adoucir dans leurs formes les propositions trop violentes dans le fond, Billaud Varennes et Collot d’Herbois dirigèrent le proconsulat des départemens, Carnot s’occupa de la guerre, Cambon des finances, Prieur (de la Côte-d’Or), et Prieur (de la Marne) des travaux intérieurs et administratifs ; et Barrère, bientôt rallié à eux, devint l’orateur journalier du parti. Quant à Robespierre, sans avoir de fonction précise, il veillait à tout, commandant à ce corps politique, comme la tête commande au corps matériel, et en fait agir chaque membre à sa volonté.

C’était dans ce parti que la révolution s’était incarnée, il la voulait avec toutes ses conséquences, pour que le peuple pût un jour jouir de tous ses résultats.

Ce parti avait à lutter contre deux autres, l’un voulait le dépasser, l’autre le retenir. Ces deux partis étaient :

Celui de la commune, représenté par Hébert ;

Celui de la Montagne, représenté par Danton.

Hébert popularisait dans le père Duchesne l’obscénité du langage, l’insulte y suivait les victimes, le rire les exécutions. En peu de temps, ses progrès furent redoutables ; l’évêque de Paris et ses vicaires abjurèrent le christianisme. Le culte catholique fut remplacé par celui de la Raison, les églises furent fermées ; Anacharsis Cloots devint l’apôtre de la nouvelle déesse. Le comité de salut public s’effraya de la puissance de cette faction ultra-révolutionnaire qu’on avait cru tombée avec Marat, et qui s’appuyait sur l’immoralité et l’athéisme ; Robespierre se chargea seul de l’attaquer. Le 5 décembre 93, il l’affronta à la tribune, et la Convention, qui avait forcément applaudi aux abjurations sur la demande de la commune, décréta, sur la demande de Robespierre, qui avait aussi sa religion à établir, que toutes violences et mesures contraires à la liberté des cultes étaient défendues.

Danton, au nom du parti modéré de la Montagne, demandait la cessation du gouvernement révolutionnaire ; le vieux Cordelier, rédigé par Camille Desmoulins, était l’or-