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ALBUM.

en ce moment. Retardataires, c’est le cas de vous presser. Pour celui qui n’a vu ni la mer, ni un bâtiment de guerre, ni un combat naval, c’est un voyage à faire, et pour celui qui a vu tout cela, ce beau panorama de Navarin a plus de prix encore, parce qu’il pourra mieux juger de la grandeur et de la vérité du tableau. C’est un magnifique drame, beaucoup plus animé, qui émeut bien davantage que ceux de messieurs tels et tels. M. Langlois s’y est montré grand peintre et poète tout à la fois.

On entre dans ce panorama par la batterie de 18 du vaisseau le Scipion, et en quelques instans on connaît toutes les parties d’un vaisseau de guerre : on sait déjà, avant d’être sur la dunette, ce que c’est qu’un branle-bas de combat, une batterie de 18 d’un vaisseau de 74, des chambres de commandant, des hamacs de matelots, etc. Arrivé sur la dunette, on croit respirer le grand air ; on voit le combat dans toute sa fureur, les matelots du bord plongés dans le feu et la fumée. On prend sa part d’une action où le vaisseau qu’on monte est lui-même fortement engagé par le plus dangereux des ennemis, par un brûlot. Étonné de tout ce qui l’entoure, le spectateur a besoin de se remettre pour suivre avec détail toute cette vaste enceinte ; il remarque ces transparentes eaux de la Méditerranée, cette légère brume du soleil couchant, d’où ressortent si pittoresques le rocher de Sphacterie, l’ancien Pilos, les monts Olénos, etc.

Heureux Parisien, qui, sans renoncer à ses habitudes sédentaires, peut voir la mer, juger de l’aspect d’un combat naval, et assister à une bataille où périrent 10,000 hommes, et où fut décidé la liberté des Grecs du Péloponèse.


M.