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LES CAPOZZOLI.

contre la ville assiégée peut le faire sauter lui-même. Poussés à bout par une oppression longue et systématique, séduits par l’espoir d’un avenir meilleur, des hommes sincères y avaient pris part, sans avoir calculé les moyens de succès ; ils avaient donné leur confiance à ce qui n’en méritait point, et ceux dont la tête n’est pas tombée expient dans les cachots et dans les bagnes leur crédulité.

Trois frères du Cilento, nommés Capozzoli, étaient descendus en athlètes francs et courageux dans cette arène de déception. À la tête de quelques hommes résolus, ils parcouraient le pays, s’efforçant de rendre l’insurrection générale. Ils brûlaient les télégraphes, afin de rompre toute communication entre les autorités et la capitale, et attaquaient les gendarmes qui escortaient les deniers de l’état.

Des troupes s’avançaient sous les ordres du général Carreto. Protégés par la nature physique du pays, les Capozzoli auraient pu faire une longue résistance, s’ils eussent été secondés. Le Cilento est un sol montueux, coupé de vallées profondes, et sillonné de torrens sans ponts. Il n’est pas traversé par la grande chaîne de l’Apennin : elle court plus à l’est ; mais la Stella et les monts de Novi, qui en sont des ramifications, l’égalent presque en hauteur.

Il n’y a point de routes dans le pays ; il n’y a d’autres moyens de communication que des sentiers scabreux, et impraticables à la cavalerie et à l’artillerie[1]. C’est la même nature qu’en Calabre, et l’armée française doit savoir qu’on ne pénètre pas impunément dans ces âpres contrées. Le débarquement n’est pas fa-

  1. On travaille maintenant à une grande route de Salerne au Vallo