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LITTÉRATURE.

d’un affront public… elle si pure et si douce !… je l’ai vue étendue sans mouvement à mes pieds, dans la poussière, avec ses beaux cheveux et ses habits de noce, et c’est moi, moi !… Ah ! quoi qu’il en soit, je la disculperai, je rétracterai ces infâmes mensonges : cela ne sauvera pas ma vie, mais bien mon âme ; et, pour mieux prouver son innocence, je prendrai l’échafaud pour tribune… Mais j’entends depuis quelque temps des gémissemens dans la prison à côté de la mienne… ils se rapprochent… on vient… c’est Casterey !


Scène XXVI.


DON LOUIS, CASTEREY.
Casterey entre en se traînant contre le mur.

Ah ! les misérables ! ils ont commencé par moi les supplices de l’enfer ; ils m’ont tout brisé… Ah ! c’est toi, Louis… Eh bien ! t’a-t-on mis à la question ?

D. Louis.

Non… Quoi ! ils ont eu l’audace ?…

Casterey.

Oui, ils ont eu l’audace… et toi, ils t’ont épargné… toi… qui as le plus offensé d’Ayamonte ; c’est singulier. C’était une terrible imprudence de ta part : elle nous aurait perdus, si nous ne l’avions déjà été… Prête-moi ton siège, il n’y en a pas dans notre prison… Oui, ces valets de bourreaux, à la solde de ce valet de roi qu’on nomme d’Ayamonte, m’ont horriblement fait souffrir. Une seconde torture, et je me tuerais si j’avais encore mon poignard.

D. Louis.

Voici le mien.

Casterey.

On ne t’a pas fouillé !… Comment ?… et ta prison est pres-