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JÉRUSALEM.

raît que, détruit par Adrien, l’édifice célèbre de Salomon et d’Hérode ne fut jamais reconstruit. Sous les empereurs d’Orient, le terrain qu’il comprenait était une dépendance de plusieurs églises. Il semble même, d’après le témoignage d’Eutichius, patriarche d’Alexandrie, qu’il était abandonné et couvert d’immondices au moment de la prise de Jérusalem par les Sarrasins. À son entrée dans la ville, le calife Omar fit venir le patriarche Sophonibe, et lui demanda où était jadis le temple de Salomon et la roche sacrée dont Mahomet avait parlé ; il s’y transporta avec les grands de sa cour. On fouilla le terrain, on écarta le fumier qui couvrait la roche, et Omar la nétoya avec son manteau ; ses officiers l’imitèrent, et le jour même il jeta les fondemens de la mosquée actuelle. C’était, suivant les traditions arabes, sur cette roche que Jacob avait appuyé sa tête lorsqu’il vit l’échelle mystérieuse, et que Mahomet laissa l’empreinte de son pied, lorsqu’il fut transporté, par l’ange Gabriel, de la Mèque à Jérusalem.

C’est sur cette même roche, dit Guillaume de Tyr, que s’assit l’ange exterminateur, lorsqu’il prononça l’anathème en punition du dénombrement du peuple, et cette double tradition en a fait un objet de vénération pour tous les cultes. Pendant le temps de l’occupation de Jérusalem par les croisés, les pélerins enlevaient des morceaux de la roche, pour les placer sur l’autel de leur paroisse. À la reprise de Jérusalem, Saladin la fit laver avec de l’eau rose, et rétablit la mosquée dans l’état où elle se trouve aujourd’hui. Les Musulmans croient que c’est le lieu où les prières sont le plus agréables à Dieu, et que tous les prophètes, depuis la création du monde jusqu’à Mahomet, y sont venus prier.

Cette roche sort de terre sur un diamètre moyen