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LA NIÈCE DU GOUVERNEUR.


Scène VIII.


Les mêmes, DON LOUIS DE VILLENAS, qui arrive à cheval.
D. Louis.

Hola ! seigneur ; veuillez m’indiquer, s’il vous plaît, la route de Murcie… Mais que diable ! je connais cette figure… Eh ! je ne me trompe pas, c’est toi, mon vieux Casterey !

Casterey.

C’est ton ancien camarade lui-même.

D. Louis, descendant de cheval.

Eh ! que fais-tu ici ?

Casterey.

Tu vas le savoir… Louis, je te tiens incapable de trahir qui que ce soit, encore moins un ancien camarade, ton ami présentement ; je vais mettre d’un mot ma vie et celles de plusieurs braves gentilshommes entre tes mains.

D. Louis.

Elles y seront plus en sûreté que la mienne, voilà ce que je puis promettre.

Casterey.

Écoute, D. Juan d’Ayamonte, que le roi a fait gouverneur de Murcie, s’en est rendu le tyran et le bourreau ; il accable le peuple de corvées, la bourgeoisie d’exactions, la noblesse d’affronts ; sa signature est devenue une formule d’arrêt, sa justice n’est que son plaisir, ses devoirs ne sont que ses intérêts. Son dédain humilie nos gentilshommes, son caprice ravit et déshonore nos femmes et nos filles. En vain nos plaintes contre lui sont-elles venues jusqu’à Madrid ; elles y ont expiré comme un flot sur cette plage stérile et desséchée de la cour. Ne pouvant avoir justice, nous voulons vengeance ; nous soulevons demain Murcie, et, dût notre révolte mettre toute l’Espagne en feu, dût cette pierre, en roulant, produire une avalanche, nous tuerons demain le gouverneur…