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LITTÉRATURE.

lire. Ordinairement ces paquets sont composés de deux parties, un sermon et une traite sur un banquier. Celui-ci paraît bien léger… Il aura simplifié son envoi… plaise aux dieux qu’il ne manque que la partie littéraire ! (Ouvrant la lettre.) Hélas ! il n’y a justement que celle-là… Mais lisons, peut-être trouverai-je quelque renseignement. « Mon fils, j’ai résolu de mettre un terme à vos folies ; je veux vous marier… » Il appelle cela mettre un terme à mes folies. « Celle que je vous destine est, dit-on, charmante ; elle est certainement fort riche et de grande maison : c’est dona Isabelle d’Ayamonte, nièce de D. Juan d’Ayamonte, gouverneur de Murcie, le plus opulent seigneur d’Espagne, et le plus en crédit. Rendez-vous à Murcie chez le gouverneur, où doit arriver également la jeune fille, qui vivait dans une ville d’Andalousie, chez une parente dont elle vient d’hériter. Ce mariage est déjà convenu et presque connu ; vous ne pouvez vous y refuser.

Votre père,
Le comte de Villenas. »


Épouserai-je, ou n’épouserai-je pas ?… Le gouverneur est, dit-on, un grand misérable, quoiqu’il donne de très-beaux bals ; mais la nièce en est-elle coupable ? Et si elle est jolie et riche… Oui ; mais en attendant, cela ne me donne pas d’argent, et j’en ai aussi besoin que de l’air que je respire… Ah ! un post-scriptum que j’avais oublié sur l’autre page. « Si vous avez besoin d’argent, vous n’aurez qu’à vous nommer chez tous les banquiers de Murcie, et vous en trouverez. » À Murcie donc ; il n’y a pas à hésiter, c’est le port ; et vite ! il me reste à peine assez de vivres pour la traversée.

(Il sort avec Carlo.)