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FORMULE GÉNÉRALE DE L’HISTOIRE.

encore, laissant enfin briller d’innombrables étoiles ; et çà et là peut se rencontrer quelque lac solitaire que le souffle d’aucun vent ne peut troubler, et qui, dans ses ondes immobiles, réfléchit leur immuable lumière ; c’est le symbole d’une âme devenue calme après de longues agitations, et contemplant déjà l’éternelle vérité.

Bien peu d’hommes, il est vrai, sont appelés à goûter ce calme sublime.

M. Ballanche nous montre Orphée lui-même troublé de pensées funestes aux derniers pas de sa carrière, mêlant l’impatience du but à la résignation de l’épreuve.

Cependant une autre jeunesse se glisse dans le sein d’Orphée, à mesure que les rides couvrent son front ; un monde nouveau se montre à lui en même-temps que ses yeux se ferment à la lumière du soleil, et il en célèbre les merveilles par des hymnes inspirées, recueillies par Thamyris, poète aveugle, initié comme lui aux mystères de l’Égypte.

À la fin du poème, les grandes destinées de Rome apparaissent dans le lointain.

Tel est le cadre poétique où M. Ballanche a renfermé ses idées sur les origines de la société, celles du langage, les destinées de l’homme, etc. ; mais ce serait bien à tort qu’on chercherait des allégories dans les personnages ou les événemens de ce poème ; M. Ballanche ne traduit pas de pensée dans ce langage, et s’il emploie le mythe et le symbole, c’est que sa pensée, instinctivement pour ainsi dire, sans qu’il en ait conscience, naît et se développe sous cette forme.

Pour avoir épuisé la liste des ouvrages de M. Ballanche, il reste seulement à parler du Vieillard et du Jeune homme et de l’Homme sans nom.