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FORMULE GÉNÉRALE DE L’HISTOIRE.

Plusieurs philosophes et plusieurs historiens ont admis cette hypothèse.

À mesure qu’on remonte vers les premiers temps de l’histoire, on voit tous les peuples se lier les uns aux autres, comme si tous se rattachaient en définitive à un tronc commun.

On voit de même la multitude des langues que parlent les hommes se pénétrer les unes les autres par quelques points, se rapprocher par leurs étymologies, et former, quant à leur structure grammaticale, comme deux langues à moitié universelles qui paraissent se confondre en s’enfonçant dans l’unité de l’intelligence humaine.

Les religions antiques viennent aussi se classer en trois vastes systèmes :

Dans l’une, l’homme préoccupé de l’union nécessaire qui doit exister entre Dieu et le monde, divinise le monde, ou absorbe Dieu dans le monde ; c’est le panthéisme.

Dans l’autre, remarquant l’opposition de deux principes qui paraissent en lutte dans l’univers, la sorte d’égalité de forces que cette lutte suppose, il explique le monde par ce combat ; c’est le dualisme.

Dans l’autre enfin, ce dont l’homme paraît frappé, c’est de l’incommensurable supériorité de la cause créatrice sur la matière créée ; il place entre elles un abîme qu’il creuse sans cesse, anéantissant le monde et ses lois devant l’idée sublime qu’il se fait de la puissance et de la nature divine.

Ces trois systèmes ne sont au fond que l’expression d’un même besoin d’en appeler de l’ordre visible à l’ordre invisible, du monde à Dieu. Ne serait-il pas possible qu’à l’origine des temps ils eurent été harmoni-