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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

nant exposer l’idée fondamentale, voulant chercher les lois du développement de l’humanité, se demande d’abord à quel titre, à quelle condition, nous était imposée notre mission terrestre.

Il croit que nos facultés nous avaient été données pour remplir cette mission ;

Que le développement de l’humanité en était l’accomplissement ;

Et qu’ainsi ce seul fait devait suffire à dévoiler les mystères de la condition humaine, à révéler les grandes lois de l’histoire.

Or, M. Ballanche, s’en rapportant à l’autorité des antiques traditions, presque unanimes sur ce point, à des instincts confus qui témoignent en nous pour cette idée, admit que la présence de l’homme sur la terre était le résultat d’une déchéance.

Il pense que l’essence humaine a préexisté à l’humanité ;

Que, condamnée à une purification terrestre, elle a été brisée, dispersée dans nos apparentes individualités ;

Qu’ainsi déchus, nous sommes jetés sur cette terre pour y marcher à la réhabilitation dans le sentier pénible de l’expiation ;

Que sur notre route doivent se rencontrer mille épreuves, degrés divers d’une initiation progressive qui nous conduit à la réhabilitation ;

Que nous marchons au but enchaînés les uns aux autres par les liens indissolubles de la solidarité, ou plutôt de l’identité.

Semblables aux gouttes de rosée d’abord éparses, et bientôt réunies au fond du calice de la fleur, nos individualités apparentes se brisant successivement, et re-