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FORMULE GÉNÉRALE DE L’HISTOIRE.

Je dirai d’abord en quelques mots l’idée que M. Ballanche se fait de l’individualité d’un peuple, car cette idée est demeurée fondamentale dans son système.

M. Ballanche croit qu’un peuple est un être collectif.

Selon lui, un peuple sous l’influence d’une force organique, cachée dans le mystère profond de son existence, croît, grandit, se développe ;

Il passe ainsi par une série de formes sociales ;

Aucune ne le contient pour toujours ; toutes filles du progrès sont destinées à périr par le progrès ; en même temps que chacune d’elles résume le passé, elle enferme un avenir qu’elle ne saurait emprisonner : ainsi le gland a renfermé le chêne, mais il n’a pas été donné à la frêle écorce du gland d’emprisonner à jamais le chêne immense.

Nous ne pouvons, il est vrai, peser, saisir, voir face à face ce principe intellectuel, cette âme d’un peuple. Voulons-nous le prendre en quelque sorte sur le fait, le surprendre dans le monde réel, il nous échappe dans la multitude et l’apparente confusion de ses actes. Voulons-nous le saisir dans son essence, le contempler dans le monde de l’abstraction, il s’évanouit comme un fantôme.

Il se cache dans les abîmes de l’intelligence humaine à une profondeur où il n’a été donné à aucun œil de pénétrer ;

Mais il se révèle par ses modes d’activité ; il devient visible par les développemens qu’il revêt, par cette multitude de formes sociales dont nous parlions tout à l’heure, et sous lesquelles un peuple nous apparaît.

Aussi toute cette partie de l’histoire des peuples, dont il est ici question, celle de leur développement, n’est-