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VOYAGES.

vaient, comme on le pense bien, une tendre affection à la patrie de leurs pères. Après la cession de la Nouvelle-Écosse, on leur enjoignit de prêter serment de fidélité au nouveau souverain, ou de quitter le pays. Ils consentirent à prêter le serment, à condition qu’on ne les forcerait jamais à prendre les armes contre leur première patrie, la France, ni contre leurs anciens alliés, les Indiens. Le gouverneur de la Nouvelle-Écosse leur promit que cette restriction serait admise, et la prestation du serment fut ainsi faite. Mais le gouvernement anglais refusa de sanctionner la promesse du gouverneur de la province, et exigea qu’un second serment fût prêté immédiatement sans restriction quelconque. Les Acadiens rejetèrent à l’unanimité cette demande, et ils persistèrent constamment depuis dans leur refus. L’affaire traîna ainsi en longueur d’année en année, durant près d’un demi-siècle.

Mais il arriva parfois que lors des guerres des Anglais contre les Français au Canada, ou contre les Indiens du voisinage, quelques Acadiens furent trouvés combattant avec ces derniers. Il était bien reconnu que la grande masse de la population acadienne était éminemment pacifique, et ne voulait prendre aucune part dans ces sanglans conflits. On n’en accusa pas moins ces cultivateurs tranquilles de sympathiser avec les ennemis de la province, devenue britannique par traité, puisqu’ils ne voulaient combattre ni leurs compatriotes, ni leurs amis ou alliés ; et l’on accusa les missionnaires français d’exercer encore dans ce pays, et surtout chez les Indiens, une influence hostile aux intérêts britanniques. Il n’est donc point étonnant que des officiers anglais conçussent une grande animosité contre les Acadiens. Ils en vinrent enfin à regarder