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MANILLE.

Il y a des bazars sur toutes les places publiques. À toute heure du jour, on peut y acheter des fruits crus ou cuits, des sardines, du poisson salé, des bananes en beignets, et toute espèce de viandes. Les comestibles sont à très-bon compte. Douze grosses sardines ne coûtent souvent que deux quartz (environ 9 liards); on a trois livres de la plus belle viande du pays pour un réal (12 sous environ), sept ou huit belles volailles pour une piastre (5 francs 25 centimes), quatre à cinq œufs pour un quartz. Les étoffes sont aussi à très-bas prix. Elles viennent de Chine où la main d’oeuvre n’est pas chère, et sont d’ailleurs très-légères, vu la chaleur du climat.

On ne porte guère que des chapeaux faits avec des feuilles de vaquoi (pandanus) ou de nipa, que l’on teint en noir ; on en fabrique de toutes les qualités, en simple et double tissu. Dans aucun pays, on ne fait des chapeaux aussi fins qu’à Manille. J’en ai vu vendre de blancs, doubles tissus, 18 et 20 francs ; mais c’est tout ce qu’il y a de plus beau et de plus fin en ce genre.

La plupart des toiles pour les chemises sont fabriquées avec du fil d’abaca (musa bromeliœ) ou de pignas. Ces toiles sont souvent très-fines, et quoique claires elles supportent très-bien le blanchissage.

La grande richesse de ces contrées et le modique prix des denrées coloniales et autres ne proviennent pas sans doute du perfectionnement de l’agriculture, qu’on peut regarder comme à peu près nulle pour ce qu’elle fournit au commerce. Quelles sont les denrées cultivées à Manille, qui soient propres à entrer dans le commerce ? Je ne connais que la canne à sucre ; encore n’est-elle cultivée que dans quelques parties de l’île. On n’y possède point de moulin pour la manipu-