Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 2.djvu/385

Cette page a été validée par deux contributeurs.
375
MANILLE.

était porté de bonne volonté, mais ces supérieurs le contrariaient fréquemment.

Aussitôt après l’embarquement des végétaux, l’ordre fut donné d’appareiller pour aller mouiller en rade de Manille. Je me rendis à bord avec mes autres objets d’histoire naturelle, et nous mîmes à la voile le lendemain. La division demeura près d’un mois dans la rade de Manille, attendant chaque jour l’ordre du départ. Tout le monde fut consigné à bord. Je demandai la permission de descendre à terre pour poursuivre de nouvelles recherches utiles à ma mission. On ne me l’accorda qu’à la condition expresse de ne pas m’éloigner de la ville, afin de pouvoir revenir à bord au premier appel.

Depuis mon arrivée à Manille, j’avais le plus vif désir de faire le tour du lac de la Lagouna, situé à environ dix lieues sur la droite de la ville. Je fis part de ce projet à M. Tuason, et le priai d’avoir encore la bonté de me donner des guides pour me diriger dans ce voyage. Il me le promit ; mais il m’observa que je serais au moins une semaine à faire le tour du lac. Quels que fussent mes regrets, je crus devoir renoncer à ce projet, pour ne pas m’exposer à manquer l’expédition, qui était prête à appareiller d’un moment à l’autre, ou à regarder son départ. En parcourant les hautes montagnes de Bosoboso, j’avais pu prendre quelque idée du lac de la Lagouna qu’elles dominent. Je distinguais parfaitement les embarcations dont il était couvert, ainsi que les villages indiens et les belles habitations qui bordent ses rives. Tout ce qui frappait mes regards me rappelait le délicieux lac de Genève. La végétation m’y paraissait des plus riches. Une grande partie des terres environnantes était plantée