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tion ; elle est coupée en deux, fort mal éclairée, et donne assez l’idée d’un dortoir de l’Hôtel-Dieu ; elle est consacrée aux dessinateurs ; toutes les autres sont jonchées de tableaux ; la presque totalité de la grande galerie est envahie ; nos artistes n’ont pas chômé depuis la dernière exposition, je vous assure. Les Grecs et les Romains d’autrefois ont décidément le dessous, nous sommes devenus plus coloristes. L’histoire a perdu, mais le portrait et le paysage ont beaucoup gagné. En somme, de fort belles choses, et de bien médiocres, du génie et plus que de la bonhomie, des débuts remarquables, des chutes et des succès. MM. Gros, Lethière, Hersent, Horace Vernet sont les seuls gros bonnets qui aient exposé, les autres se sont-ils retirés des affaires ? nous aimons à croire le contraire. M. Guérin ne peut avoir passé tout le temps de sa direction à Rome, à s’occuper de comptabilité. M. Gérard bouderait-il ? je ne le puis croire. Pourquoi M. Charlet ne nous donne-t-il plus maintenant de ses nouvelles qu’à l’époque du jour de l’an ? Ce sont de fort belles étrennes, il est vrai ; mais du moins nous voudrions voir ses tableaux. Nous avons tous applaudi à la première et seule faveur qu’il ait jamais obtenue ; c’est déjà quelque chose : toutefois que Charlet n’oublie pas que c’est au Salon que les peintres reçoivent leur bâton de maréchal.

Je m’arrêterai devant les ouvrages qui me frapperont davantage ; quant à ceux que je ne comprendrai pas, je n’en dirai rien, dans la crainte de porter un jugement trop sévère. Il est si difficile d’arriver, en peinture, à ce qu’on appelle un à peu près bien, qu’on ne saurait mettre trop de mesure dans les critiques. Tant pis pour les consciences de messieurs du jury si cette année, comme les précédentes, ils ont écouté les mamans, les papas, les oncles et les tantes de certains exposans ; il est bien triste de toujours voir au salon tant de plates et niaises productions, tant de tableaux tout au plus bons pour les fêtes et premiers jours de l’an. L’admission au Musée ne sera donc jamais un encouragement dont on devrait se rendre digne ! La plupart du temps c’est une con-