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VARIÉTÉS.

le droit de faire des lois ; elle leur attribuait encore une précocité légale supérieure à celle des autres citoyens, dont l’âge de raison politique, en dépit de la garantie élective, était fixé à quarante ans ! Voilà de ces inconséquences dont une législation rationnelle doit nous faire sortir. Une chambre élective composée de vieillards et un sénat peuplé de jeunes gens étaient une conception trop ridicule. Nous devons arriver précisément à l’inverse. Que la pairie soit la vétérance de la députation ; que les citoyens qui auront bien mérité de la patrie y trouvent un asile glorieux, et, au milieu de travaux d’un ordre élevé, ce calme politique que ne pourront plus troubler les retours souvent capricieux de la faveur populaire.

Le meilleur moyen de résumer cette sorte d’exposé de motifs, est de formuler un projet d’article. Le voici donc :

« Le nombre des pairs est fixé à la moitié du nombre des députés. Les pairs sont tous à vie, et nommés par le roi. À chaque vacance, la chambre des pairs présentera au choix du roi deux candidats par siége ; un seul pourra être pris parmi les fils, gendres ou neveux des pairs, et ils devront avoir été élus députés au moins deux fois ; cette condition ne sera pas nécessaire pour le citoyen désigné par d’anciens services à l’état, et que les deux chambres présenteront à la nomination du roi. »

Quant à la faculté de varier les dignités, il est tout-à-fait indifférent d’en faire mention.

Maintenant si quelqu’un demandait d’où je tiens mission pour faire un projet sur la pairie, je répondrai que c’est précisément parce que je ne suis ni pair ni prétendant à le devenir, que j’ai cru pouvoir donner mon avis.


Félix Bodin.