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SOUVENIRS DE GRÈCE.

Lorsque ce travail fut terminé, nous nous rapprochâmes des murs de l’Acropole, sous le feu de la garnison albanaise, afin de considérer de plus près ces monumens que nous ne pouvions aborder ; nous redescendîmes ensuite dans la plaine du Stade : là ne se retrouvaient plus, il est vrai, ces vieux platanes qui formaient autrefois la promenade publique ; mais nous voulions voir les limites de la ville d’Adrien, et ces longues colonnes que l’entier nivellement de la plaine de l’Illissus faisait paraître plus hautes encore. La chaleur était déjà très-forte. Quelques Turcs, assis à l’ombre, écoutaient un de leurs compagnons qui chantait sur un mode plaintif, en s’accompagnant de la guitare. Son refrain toujours répété de Ketcher aiam i behar[1], nous fit reconnaître un ghazel de Meshihi.

L’amandier s’est paré de ses fleurs argentées,
Les chants du rossignol annoncent le printemps,
Partout dans nos jardins les tentes sont plantées ;
Hâtons-nous de jouir, les beaux jours n’ont qu’un temps.

Tu vois le teint vermeil et de lis et de roses
De ces jeunes beautés aux regards caressans,
Leur éclat le dispute aux fleurs fraîches écloses ;
Hâtons-nous de jouir, les beaux jours n’ont qu’un temps.

Cette fraîcheur bientôt, hélas ! va disparaître,
Elles devront fléchir sous le fardeau des ans ;
Plein de regrets alors, tu gémiras peut-être ;
Hâtons-nous de jouir, les beaux jours n’ont qu’un temps.

Un Tartare chantant l’amour et le printemps sur les

  1. La saison du printemps s’échappe.