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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

vierge magnanime. Le père donné par la nature a revendiqué sa gloire et son amour ; il les a revendiqués jusque dans leur plus haute manifestation. Il s’est fait en même temps roi et prêtre.

» Tressons des fleurs, elle l’a voulu ainsi, tressons des fleurs pour l’épouse plébéienne, qui nous a acquis la gloire de la pudeur, aux dépens de sa touchante vie !

» Il lui a été donné, jeune et belle sibylle, de détacher de l’arbre sacré le rameau d’or de l’initiation. Elle est allée cueillir la grenade mystique de Koré, emblème des noces solennelles ; elle va maintenant habiter un lieu où toutes les cordes de la lyre répondront à ses doigts. Par elle, par le sacrifice expiatoire de l’innocente victime, la race plébéienne ne sera plus une race sans culte et sans dieux.

» Elle était belle entre toutes les filles de son âge, qui furent ses compagnes ; elle eût été belle entre toutes les filles patriciennes ; elle est belle encore sur ce lit de feuillage, où elle semble reposer dans le sommeil, sur ce lit funèbre qui est environné de toute la gloire des noces solennelles !

» La quenouille de la reine de famille, le voile pudique de la fille d’un roi, sont le prix de sa victoire : ensevelissons avec elle le prix de sa victoire, et chantons pour de telles funérailles l’hymne de Thalassus, l’hymne des noces solennelles !

» Tressons des fleurs, elle l’a voulu ainsi, tressons des fleurs pour l’épouse plébéienne, qui nous a acquis la gloire de la pudeur, aux dépens de sa touchante vie ! »

Une fosse est creusée. On y dépose avec respect le corps de la jeune fille. Chacun s’empresse d’apporter