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VOYAGES.

La religion et le commerce se chargèrent en partie, pour une seule province, de réparer les négligences de la politique. De riches pêcheries de perles avaient rappelé l’attention sur la Californie, dont la côte intérieure devint, en 1615 et 1632, le but des expéditions intéressées des capitaines Yturbi, Castillo, Vicuna, Ortega, Carboneli et Barriga. En 1642, le gouverneur de Cinaloa et le père Jacinto Cortez examinèrent les mêmes rivages ; et après quarante années, qui virent échouer d’autres expéditions, parmi lesquelles celle de Luzenilla fut la plus remarquable, l’amiral Isidro de Atondo y Antillon et plusieurs jésuites formèrent les établissemens passagers de la Paz et de San-Bruno. Cependant ce ne fut qu’à la fin du dix-septième siècle, après deux cents ans de tentatives infructueuses, que cette stérile province fit réellement partie des domaines de l’Espagne, quand on vit s’élever les présides de San-Loreto et de San-Xavier, sous la direction des jésuites Salvatierra, Piccolo, Ugarte et Khün ou Kino, dont les voyages vers l’embouchure du Colorado détruisirent l’erreur naissante qui faisait de la Californie une île et même un archipel. Par le zèle infatigable d’Ugarte, des missions furent bientôt fondées au milieu de la presqu’île, sur ses deux côtes explorées, et chez les Indiens de la Pimeria Alta, tandis que le père Clément Guillen exécutait des courses pénibles dans l’intérieur et à l’ouest. Outre leur but évangélique, ces hommes infatigables se proposaient la recherche d’un port qui put recevoir le galion des Philippines. En 1744, les pères Consay et Sedelmayer parcoururent, le premier, les rives de la mer de Cortez, et le second le pays de Moqui, qu’arrosent le Gila, le Colorado et le Yaquesila. Une vingtaine d’années après, le visitador don José de Galvez soumit