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GÉOGRAPHIE DE L’AMÉRIQUE.

dérobé au monde la masse des connaissances qu’ils acquirent : on sait seulement qu’en 1582, F. Galli tenta de revenir du Japon en Europe par la route de l’Amérique, et qu’il atteignit, vers 57° 30′, les côtes de l’archipel du prince de Galles ou du roi George, dans la Nouvelle-Cornouaille. Dans un très-long espace de temps, on distingue à peine quelques entreprises dont les relations, publiées et embellies sans doute par de zélés promoteurs de la recherche d’un détroit, forcent la critique impartiale à y faire la part de la réalité et celle de la fiction. On peut consulter avec une entière confiance le voyage du grand navigateur Viscaino, dont les résultats principaux furent l’examen soigné de la Californie, depuis le promontoire de San-Lucar jusqu’au cap Mendocino, et la première reconnaissance des ports de San-Francisco, San-Diego et Monterey, qu’il visita en 1602 ; mais il est difficile de croire qu’en 1592, Juan de Fuca parcourut l’entrée qui a conservé son nom, ou le canal de Georgie. On n’admet pas avec plus de confiance qu’en 1640 Bartolomeo de Fuente ait visité l’archipel de San-Lazaro, et il est reconnu que si les récits de Martin d’Aguilar, compagnon de Viscaino, ont quelque fondement, leur incertitude suffit pour les faire oublier. C’est à la même période des découvertes au N.-O. de l’Amérique, et à la même classe de relations apocryphes, brodées sur un fonds plus ou moins vrai, qu’appartiennent le roman nautique où Ferrer Maldonado mêla les descriptions de l’Amérique à celles du Japon, et le voyage de l’anglais Thomas Peche, qui, en cherchant l’embouchure occidentale du détroit d’Anian, paraît avoir atteint les îles Aléoutiennes dans l’année 1672. Les fables un peu plus anciennes de Chaque et d’Urdanietta ne méritent pas d’être développées.