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VOYAGES.

passerons-nous rapidement sur cette partie du voyage, bien qu’elle ait été pour nous une preuve de l’extrême vérité des descriptions, puisque nous avons eu occasion de visiter en partie les mêmes lieux, et nous suivrons le voyageur vers des contrées qui, avant lui, n’avaient jamais été complètement décrites.

Après avoir fait de nombreuses observations sur l’origine des tribus sauvages du Brésil, qu’il fait remonter, les unes à la race mongole, tels que les Botocudos ; les autres à un des rameaux les moins nobles de la race caucasique, faits d’une haute importance, qui paraissent acquérir ici un nouveau degré de probabilité ; après s’être procuré un jeune Indien qui devait l’accompagner jusqu’en France, M. de Saint-Hilaire revint à Villa-do-Fanado ; il visita les mines de fer de Bomfim, qui ont été fondées par le capitaine Manoel Jozé, et qu’on regarde comme le plus bel établissement de la province, puis il entra dans le Sertào, dans ce désert de Minas, où la nature prend un nouvel aspect. Néanmoins ce pays ne lui parut point mériter le nom de jardin du Brésil qu’on lui donne quelquefois, à cause sans doute de ce terrain onduleux couvert çà et là d’arbres peu élevés au milieu de nombreux pâturages, et dont mille plantes en fleurs interrompent la monotonie. À cette époque, la sécheresse avait tout dévoré, et le Sertào n’offrait qu’un aspect désolé. Les Sertanejos (on désigne ainsi les habitans du désert) forment une classe à part, qui dédaigne en général l’agriculture pour se livrer à l’éducation des bestiaux, et qui, vivant à peu près en dehors de la société, a pris des préjugés nouveaux et des habitudes inconnues dans le reste du Brésil. Accoutumé à poursuivre des bestiaux presque sauvages dans un pays entrecoupé de collines et de bois, où se sont multipliées