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LE BRÉSIL.

verait peut-être pas dans toute la province des Mines un pays mieux situé pour le commerce. »

Nous ajouterons que ce beau fleuve, qui se jette dans la mer entre les provinces de Rio et de Bahia, doit devenir avant tout l’objet de travaux actifs, et que tant qu’on les négligera dans ce qui a rapport à l’amélioration de la navigation, on retardera le développement agricole d’un des plus beaux pays de la terre.

On sent qu’au milieu de cette contrée encore presque déserte, les observations botaniques de M. de Saint-Hilaire doivent se multiplier et offrir un nouvel intérêt. Il ne se contente pas de décrire des individus épars, il fait connaître les diverses dénominations appliquées aux divers genres de forêts.

À l’Aldea d’Alto dos Bois, il visite les Macunis, et ces sauvages lui fournissent des détails de mœurs fort curieux ; les guerriers de la tribu ont un tel respect pour leurs ancêtres que, guidés par ce sentiment, ils refusèrent de faire à leurs armes certaines améliorations indiquées par un Européen. On ne retrouve plus chez les Macunis l’usage bizarre, commun autrefois à la plupart des nations brésiliennes, de se percer la lèvre inférieure, et d’y introduire un corps étranger[1] ; mais leur contact avec les peuples policés n’a pas pu améliorer encore complètement le sort du sexe le plus fai-

  1. Les anciennes relations parlent de certains chefs tupis qui avaient jusqu’à sept pierres de jade vert, enchâssées dans leurs lèvres ou dans leurs joues. Les Machacalis portaient autrefois une plume dans la lèvre. Les Cayabavas ornaient cette partie du visage au moyen d’une rouelle de résine ; les Guaycurus y plaçaient un ornement d’or, et la botoque (bondon de tonneau), qui a donné aux Botocudos le nom qu’ils portent, est trop célèbre pour que nous en parlions ici.