Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 2.djvu/180

Cette page a été validée par deux contributeurs.
170
VOYAGES.

développé que depuis quelques années ; nous voulons parler du capim gordura (tristegis glutinosa) ; graminée visqueuse, grisâtre et fétide, qui envahit les champs avec une incroyable rapidité, qui en fait disparaître toutes les autres plantes, et qu’on voit croître où s’élevèrent les plus riches moissons. Notre voyageur, qui ne manque jamais de signaler aux habitans des contrées qu’il a parcourues les moyens d’améliorer leur sort, indique un procédé à employer pour récolter encore du maïs au milieu de ces champs désolés.

À Itajuru, et après avoir considérablement augmenté ses collections, M. de Saint-Hilaire se sépare de ses compagnons de voyage ; là, il prend de nombreux renseignemens sur le mouvement de la population et sur les procédés agricoles du pays. Il les donne dans toute leur étendue, et ils peuvent devenir d’une haute utilité pour les Brésiliens eux-mêmes ou pour les émigrans. Non-seulement il entre dans les détails les plus complets sur la cession des terrains (sesmarias), mais il fait connaître la législation qui leur est relative. À ces documens si précieux pour ceux qui voudront s’établir au Brésil, il joint des renseignemens sur le travail des mines, qui laissent bien loin d’eux ce que Mawe a dit sur ce sujet : nous regrettons de ne pouvoir les citer, mais ils servent à prouver que là, comme dans tout le reste du Brésil, la fortune des chercheurs d’or est aussi précaire que celle des agriculteurs laborieux est assurée[1]. Après avoir visité les mines encore opulentes de la Conception et d’Itabira, dont les produits vont néanmoins

  1. D’ailleurs, plusieurs ouvrages, et entre autres une notice insérée dans les Mémoires de l’Académie des sciences de Lisbonne, prouvent, avec notre voyageur, la déchéance successive des mines et la diminution de leur produit.