Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 1.djvu/377

Cette page a été validée par deux contributeurs.
363
TERRE-NEUVE.

les sources de l’eau la plus pure abondent de tous côtés. Quelquefois le terrain est si marécageux, qu’on ne peut y aller à cheval, et on y court même des dangers à pied.

Les côtes sont généralement couvertes de petits bois suspendus qui descendent jusqu’à la mer, ou coupées à pic en précipices. Au sud-ouest de l’île s’élèvent d’assez hautes montagnes. Sur toute la côte d’ailleurs, on trouve de nombreuses rivières, de belles rades, de magnifiques ports, et de larges espaces réservés sur la plage, couverts de galets qui y semblent mis exprès pour faire sécher le poisson pris dans les environs. Il y a de vastes baies de plusieurs lieues de profondeur, où les bâtimens sont dans la plus grande sûreté, abrités par les terres élevées qui les entourent.

À trois milles environ de l’extrémité nord-est de la baie de la Conception est une petite île nommée Baccalao, qui est remarquable par le nombre extraordinaire d’oiseaux de mer qui établissent leurs nids sur ses flancs déchirés. On les appelle oiseaux de Baccalao ; ce sont d’utiles pilotes que la nature semble avoir ménagés aux marins qu’ils avertissent de l’approche des côtes, surtout pendant la brume ; aussi le gouvernement anglais leur accorde-t-il une protection spéciale, et défend-il de les tuer ou de prendre leurs œufs. Cependant, malgré la proclamation du gouverneur, qui paraît à ce sujet chaque année, séduits par le grand profit que donne la vente de ces oiseaux, de leurs plumes et de leurs œufs,