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VOYAGES.

port de Lima : c’est l’entrepôt de son commerce, c’est le lien qui l’unit avec le reste de l’univers. Submergée, en 1747, par un tremblement de terre, composée de maisons bâties en torchis et en argile, cette petite ville est sans intérêt pour le voyageur, elle n’a rien qui parle à l’imagination. Il n’en est pas ainsi de la capitale du Pérou.

Je visitai Lima en mars 1823 : j’entrai par la porte occidentale, sur laquelle étaient jadis sculptées les armes d’Espagne, avec ces mots : plus ultrà. Ces armes ont été mutilées, et il n’en reste plus que d’informes débris. La principale rue par laquelle on arrive au centre de cette grande ville n’en donne point une haute idée. Bordée de maisons basses et sans ouverture sur la façade, elle est, dans son immense longueur, d’une tristesse désespérante. Sous le plus puissant des monarques espagnols, Lima obtint le nom de la cité des rois (la ciudad de los reyes), que lui imposa son fondateur Pizarre ; mais plus tard elle reçut sans partage la dénomination qu’elle porte aujourd’hui, corrompue, à ce que l’on prétend, du nom indigène de Rimac, petite rivière dont les ondes charrient de l’or, et qui prend sa source dans les Cordillières, en se divisant en ruisseaux dans les gorges des montagnes qui enclosent Lima, et dont les eaux vont se perdre à la mer après avoir baigné les murs de cette ville, au fond de la baie de Callao. Mon cœur palpitait en approchant de Lima, généralement regardée comme la capitale de l’Amérique du Sud, la Tyr du Nouveau-Monde, la source d’où