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CORRESPONDANCE ET VARIÉTÉS.

désastre immense et général, et leur influence n’étant plus combattue par un système de préservation, jugé désormais inutile, il est impossible de prévoir où pourra s’arrêter la contagion.

Telles sont les conséquences probables des nouvelles instructions adressées aux gouverneurs des provinces, et particulièrement aux autorités de Moscou. De ce que le nombre des malades a progressivement diminué pendant le mois dernier, on a tiré l’étrange conclusion que le mal était extirpé jusque dans sa racine. « Le choléra-morbus, dit un des derniers bulletins de Moscou, étant presque entièrement » éteint, on a jugé convenable de lever les quarantaines extérieures, et désormais les précautions sanitaires seront concentrées dans la ville. » Il n’y a plus aujourd’hui, de Saint-Pétersbourg à Moscou, de cordons sanitaires qu’à la hauteur de Tzarskoe-Zelo et sur la frontière des gouvernemens de Tver et de Moscou. Du reste, les communications sont libres entre les diverses provinces et la seconde de ces capitales. Ses relations commerciales, long-temps suspendues, sont aujourd’hui reprises, et l’on propage ainsi une sécurité trompeuse sur la foi de la presque entière extinction d’une maladie contagieuse.

Et cependant, tandis qu’Astrakan, Nijnei, Saratow et Moscou jouissent d’une tranquillité temporaire, le choléra-morbus se porte avec une activité nouvelle aux frontières occidentales de l’empire. C’est là qu’il prépare peut-être son invasion la plus terrible. Les foyers existent : les troupes se concentrent ; la guerre avec tous les maux qu’elle entraîne à sa suite, les marches forcées, les dangereuses nuits du bivouac, la mauvaise nourriture, toutes les intempéries des saisons, et pour surcroît de misère, une agglomération de population juive, avec sa malpropreté native, son activité, ses habitudes avides et mercantiles, tout se réunit, tout s’accumule pour recéler d’abord, pour produire et pour propager plus tard cet épouvantable fléau.

Toutefois un coup-d’œil rapide sur l’historique de la