par le riche équipement de son cheval[1]. Bientôt après le cri perçant des essieux et le son des nombreux grelots annoncent le départ des chariots ; ils sont traînés par des bœufs, dont les cornes sont entourées de bandelettes, et portent une orange à l’extrémité. Sur les premiers chariots sont placés des matelas qui s’élèvent en pile carrée, les bois de lit et tous leurs accessoires, des pyramides de chaises, couvertes de branches de laurier et de myrte ; viennent après les tables et les bancs, puis deux immenses commodes, dont l’une contient le linge du ménage, et l’autre les habillemens de l’épouse. Deux chariots sont occupés par l’attirail de la cuisine et plusieurs ustensiles au nombre desquels on remarque une ample provision de fuseaux et de quenouilles, garnies de leurs touffes de lin et prêtes à être filées.
Trois ou quatre chariots, chargés de blé, forment les premières provisions du nouveau ménage ; le dernier porte la meule et tout ce qu’exige en Sardaigne la fabrication du pain. Enfin, le patient molentu, attaché par une longue corde à la meule qu’il doit bientôt faire mouvoir pour la première fois, ferme la marche d’une manière assez plaisante. La queue et les oreilles ornées de myrte et de rubans, ce pacifique animal attire sur lui les derniers regards d’une multitude déjà fatiguée du long spectacle qu’elle vient de contempler ; l’hilarité qu’il excite fait une agréable diversion à la pompe sérieuse qui l’a précédé. Le cortége est ordinairement suivi de près par trois ou quatre tracché[2] dans lesquels se trouvent plusieurs jeunes filles amies ou parentes de l’épouse ; elles sont chargées de meubler la maison, et de mettre en ordre le trousseau de la future. Leur costume dans ce jour de fête est plein de grâce et extrêmement brillant.
Lorsque tout le monde est arrivé, on procède au déchar-