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CORRESPONDANCE ET VARIÉTÉS.

son attention, je ne puis être qu’embarrassé du choix pour me borner à quelques-uns ; cependant je ne me laisserai pas guider par le hasard, et j’en choisirai un au contraire qui réunit tous les genres de mérite par lesquels ces régions se recommandent à notre curiosité, persuadé que pour montrer qu’une chose est belle, il faut la faire voir du côté le plus beau. La vallée de Gavarnie passe aux yeux des connaisseurs pour le morceau des Pyrénées dans lequel éclate au plus haut degré le caractère élevé des sites montagneux ; c’est donc celui auquel je m’attacherai, et je vais suivre sur ce terrain les traces de nos deux voyageurs paysagistes en rapprochant quelquefois des leurs celles qu’y ont laissées leurs prédécesseurs ou leurs concurrens. Si tout ce qu’il y a de poésie répandue sur ce théâtre des bouleversemens et des catastrophes du globe peut être comparé à quelque espèce d’épopée étrange, extraordinaire, la vallée de Gavarnie doit en être considérée comme le chant le plus héroïque, comme le comble de la péripétie.

N. Devilleneuve.

§ II.
WASHINGTON CHASSEUR.

Le temps que le colonel Washington put dérober aux soins de l’agriculture, dans l’intervalle de 1759 à 1774, fut en grande partie consacré aux plaisirs de la chasse. Rien ne nous apprend qu’il ait aimé à tirer ou à pêcher ; mais la chasse périlleuse et hardie du renard convenait bien à la force de sa robuste jeunesse, et se trouvait parfaitement d’accord avec son goût et ses dispositions naturelles pour les exercices équestres.