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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

comme institués à vie. Enfin, l’autorité du suzerain s’affaiblissant, ils devinrent héréditaires. Les bénéfices mêmes, qui d’abord appartenaient à la masse des troupes, et étaient administrés en forme de régie, furent distribués aux titulaires, et ceux-ci les gouvernèrent comme ils voulurent.

Les bénéfices militaires furent rendus héréditaires par Noureddin, prince d’Alep et de Damas, vers le milieu du xiie siècle. Noureddin espéra par là intéresser davantage les soldats au succès de ses armes. En effet, si on en croit un auteur contemporain, les soldats commencèrent à se dire : « Ces biens sont notre propriété ; ils passeront à nos enfans. Nous les devons donc défendre même au péril de notre vie. »

Non-seulement les princes abandonnèrent certaines terres aux guerriers qui servaient sous leurs drapeaux, mais encore ils concédèrent de vastes territoires à certaines tribus nomades, à condition qu’elles défendraient le pays, de manière à laisser au moins aux troupes réglées le temps d’amener du secours. On choisissait de préférence les campagnes situées sur les frontières ; c’était une manière d’établir des sentinelles avancées et les Romains n’avaient pas imaginé d’autres moyens pour garder leurs frontières du Rhin et du Danube. Les nomades auxquels les princes musulmans s’adressaient, étaient des Arabes et des Turcomans. Quelquefois ces nomades s’obligeaient de plus à fournir au souverain des chevaux pour la remonte de la cavalerie.

Pendant quelque temps, les institutions féodales furent particulières à la Perse, à la Mésopotamie et aux autres contrées soumises à la domination des monarques Seldjoukides. En 1167, Saladin, d’abord simplement lieutenant de Noureddin, s’étant rendu maître