eut lieu vers la même époque (en 1615) ; et dans un temps où les lumières étaient encore si peu répandues, cet homme d’état distingué reconnut déjà, par la force de son esprit prévoyant, les inconvéniens du mélange bizarre des métiers de soldat et de marchand. Son opinion à cet égard mérite bien d’être encore prise en considération aujourd’hui, et aucune partie de l’intéressant ouvrage de M. Mill ne nous paraît plus digne d’être méditée par les législateurs, par les solliciteurs de priviléges exclusifs, et même par les directeurs de la Compagnie anglaise.
« Indépendamment des autres services que rendit Sir Thomas, il donna des avis à la Compagnie sur la marche la plus avantageuse à suivre pour l’avenir dans toutes ses opérations. « Lors de mon arrivée, dit-il, je crus qu’un fort nous serait très-nécessaire ; mais l’expérience me prouva enfin que le refus que nous essuyâmes tournerait à notre avantage. Quand l’empereur m’en offrirait maintenant dix, je n’en accepterais pas un seul. » Il appuie cette opinion de plusieurs raisonnemens : « Premièrement ces forts ne seront pas indispensables au commerce, et les charges seront si pesantes qu’il ne pourra pas les supporter ; car l’entretien des garnisons absorbera tous les profits. La guerre et le trafic sont incompatibles. De mon aveu, vous ne vous engagerez que dans des entreprises maritimes ; sur mer vous avez au moins autant de gain que de perte. Les Portugais, malgré le nombre considérable de