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HISTOIRE MODERNE.

les directeurs, parce que, dit M. Mill, « c’était là le meilleur moyen de faire remettre entre leurs mains tous les pouvoirs, avec la direction générale des affaires. » Il ajoute ensuite :

« Les bénéfices retirés des expéditions entreprises ainsi, et comparés à ceux obtenus par les individus qui géraient eux-mêmes leurs affaires, furent cependant loin de présenter sous un jour favorable la gestion des directeurs. Les huit voyages précédens, en défalquant les pertes essuyées pendant le quatrième, qui fut en tout désastreux, avaient rapporté 171 pour cent. Les quatre voyages suivans ne rapportèrent aux intéressés que 87 1/2 pour cent de bénéfices. » (Vol. 1, pag. 28.)

On voit que déjà, sous l’influence même d’une compagnie exclusive, les profits que chaque spéculateur retirait de ses opérations, tant qu’il lui était permis de diriger par lui-même ses entreprises, étaient bien plus considérables que lorsqu’un gouverneur et des directeurs essayèrent de se charger de l’ensemble des affaires. Les partisans de la liberté du commerce feront sans doute valoir un aussi puissant argument en faveur de leur cause. Les profits devinrent cependant encore bien moindres lorsque les directeurs de la Compagnie, au lieu de se borner aux opérations de commerce, qui étaient de leur ressort, commencèrent à prendre une allure politique, voulurent devenir conquérans, entretinrent des ambassadeurs, des forteresses et des troupes. L’ambassade royale de Sir Thomas Roc, envoyé par la cour d’Angleterre auprès du Grand-Mogol,