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COMPAGNIE DES INDES.

tantes se rattachent à ce sujet : vous aurez à examiner le caractère politique des institutions que vous êtes appelés à modifier, l’étendue des territoires qui vous sont soumis, l’énormité des revenus que produisent ces territoires, les plus riches de l’univers. Vous comprendrez la vaste importance de ce sujet dans ses relations avec nos finances, notre constitution, l’influence de la couronne… J’ai réservé la dernière place au motif le plus grave de tous, le bien-être et les intérêts des sujets indiens de S. M. J’ai lu plusieurs rapports qui en portent le nombre à quatre-vingt-dix millions[1]. Si nous considérons l’étendue de notre empire et son immense population, si nous nous rappelons sur quelles révolutions, sur quels débris nous avons fondé cet empire ; si nous réfléchissons à la distance qui sépare ces contrées de l’autorité souveraine, à la différence de mœurs, de religion et

  1. L’empire britannique dans l’Inde comprend aujourd’hui plus de quatre-vingt millions de sujets ; mais l’autorité de la Compagnie s’exerce en outre, quoique indirectement, sur plus de trente millions d’Indiens qui vivent dans les états des princes réputés indépendans. Ce sont d’anciens souverains soumis à une influence devenue irrésistible, et liés par des traités de subsides qui les obligent à suivre aveuglément les ordres de cette Compagnie, en ce qui concerne la politique extérieure, et à lui fournir des hommes et de l’argent pour toutes les guerres qu’elle entreprend. La Compagnie, de son côté, assure à ces princes une puissance illimitée pour gouverner les sujets qui leur restent, et elle protége en toute circonstance le souverain nominal contre les révoltes du peuple.