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ÎLE DE JAVA.

arrive à Java, chacun s’arme et court sur le malheureux qui est atteint de cet accès de frénésie, comme nos paysans en France poursuivent un loup ou un chien enragé, et le pauvre Malais périt presque toujours.

La musique est la seule chose pour laquelle ils aient un goût bien décidé : quelques-uns sont même parvenus dans cet art à une perfection étonnante. Les riches habitans de Batavia savent tirer un très-bon parti de ce talent naturel, ils forment parmi leurs nombreux domestiques un orchestre complet qui exécute des symphonies pendant les heures de repas.

Un petit nombre de Malais s’est livré à l’horlogerie, dans laquelle ils ont peu de succès. L’immense majorité de ceux qui habitent la côte préfère l’état de domesticité à tous les autres. Comme ils sont très-sobres, leur nourriture est facile et peu coûteuse, de sorte qu’on les paie peu, et qu’on en a un très-grand nombre. Il y a parmi eux des cochers d’une adresse peu commune, qui guident six chevaux sans la moindre gêne, frappent sans se tromper, de l’extrémité de leur fouet, le cheval le plus éloigné de leur bras. Ils sont cuisiniers très-médiocres, et fort mauvais valets-de-chambre. Du reste, ils sont propres, bien vêtus, d’un service doux, et la plupart très-fidèles. Les plus brutes d’entre eux sont employés aux écuries et aux transports. Ces derniers portent le nom de coulis. Rien n’égale la précision de leur marche, lorsqu’ils portent un fardeau considérable. Dans une fête cé-