Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/62

Cette page a été validée par deux contributeurs.
52
VOYAGES.

fait néanmoins chez elles d’affreux ravages. La vengeance la plus horrible est toujours celle qu’elles préfèrent : habiles à préparer les poisons que la nature a si généreusement dispensés dans ces contrées, elles le font avaler, par doses calculées, aux victimes que leur cœur outragé a désignées. Beaucoup de personnes meurent à Batavia d’une maladie de foie, attribuée au climat, et qu’il serait peut-être plus naturel de regarder comme le résultat des breuvages apprêtés par ces mégères.

Les Malais sont en général bien constitués : ils ont le nez large et épaté, les yeux un peu à la chinoise, la bouche très-grande et les cheveux plats et longs. Leur teint est d’un noir rougeâtre.

Ils sont indolens, paresseux et fort peu intelligens ; leur caractère est sombre et réfléchi ; ils sont cependant accessibles au plaisir ; ils aiment les spectacles, les fêtes, le chant, mais par-dessus tout à chiquer le bétel et à fumer l’opium. Ce dernier suc a pour eux tant d’attraits, qu’ils passent quelquefois des nuits entières à s’enivrer de ses vapeurs étourdissantes ; mais ils paient souvent cher cette intempérance. L’opium agit si fortement sur leurs nerfs, qu’ils deviennent à l’instant frénétiques, et courent çà et là dans le plus grand désordre, les cheveux épars, un cris à la main, et quelquefois la tête couverte : si l’on cherche à les saisir, ils immolent l’imprudent qui a osé les approcher ; c’est ce que les Malais appellent faire amok, et lorsqu’un pareil accident