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VOYAGES.

expédiant, à chaque mousson, de nombreux convois chargés de ses riches productions ; et le Japon, en lui accordant, par privilége exclusif, l’entrée de ses ports, à des conditions peut-être un peu dures, mais qui néanmoins offrent encore de grands avantages à Java.

Les grandes ressources qu’offre le commerce de cette place hollandaise y attirent des négocians de toutes les parties du globe. La variété qui règne partout est d’un aspect extrêmement curieux. Au milieu des forêts mouvantes qui encombrent son port on remarque d’abord les jonques ou champans chinois, dont la construction grossière et colossale contraste d’une manière bizarre et originale avec les formes élégantes et la mâture légère et soignée des navires européens. La diversité des peintures, des pavillons, des banderolles, le mouvement continuel des praux malais, des chaloupes européennes et des bateaux chinois qui chargent et déchargent les vaisseaux de la rade, donnent à ce tableau la teinte la plus riante.

À peine est-on entré dans la ville, que la scène est entièrement changée, sans être plus uniforme. Les quais sont bordés de coulis qui déchargent les bateaux, et transportent sur d’autres les produits de la colonie. Ici, l’Arabe fait charger, sous ses yeux, la muscade, le girofle et les soieries de la Chine ; plus loin, l’Américain échange ses piastres contre le café et le sucre de Java ; l’Anglais et le Français déballent avec soin les utiles produits de leur industrie. Sur le même quai, le Hollandais fait