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VOYAGES.

genre asiatique. Les édifices qui composent la partie hollandaise sont aussi riches en architecture qu’en décoration. L’élégance et la propreté des salons ne le cèdent en rien au luxe des plus brillans de Paris. Tout, jusqu’aux plus simples magasins, annonce une ville opulente. Les ateliers de forgerons, de charpentiers, de menuisiers, de charrons[1], se font remarquer par la grandeur du local et le nombre prodigieux d’ouvriers qu’ils occupent. Les voitures sont aussi communes à Sourabaya que dans les plus importantes places d’Europe. Il est vrai que dans ces contrées on ne sort presque jamais qu’en voiture. L’étranger a mille facilités d’en louer au mois, au jour et même à la course, surtout des cabriolets. Les chevaux, quoiqu’ayant peu d’apparence en général (car ils sont petits et maigres), vont d’une vitesse incroyable.

La troupe formant la garnison est fort bien tenue. Elle se compose de deux sortes de soldats, les blancs et les noirs. Les premiers, qui sont en assez grand nombre, parlent presque tous un peu français, ayant jadis servi sous Napoléon. Les noirs ou Malais sont pris parmi les naturels du pays, et soldés par le gouvernement hollandais. Des patrouilles se font toutes les nuits très-régulièrement. Dès les neuf heures du soir, on entend le qui vive ? comme dans nos places de guerre où

  1. Je parle ici des ateliers appartenant au gouvernement hollandais.